Curiosix Une parisienne parmi les paulistes

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Costa verde

le 21 septembre 2012

Une petite escapade sur la Costa Verde avec un compagnon très attendu m’a tenue éloignée de la civilisation (internet) quelques jours.

Avant de mettre le cap sur le paradis, une petite escale par Rio pour récupérer à l’aéroport mon précieux colis. Le bus sillonne le centre-ville pour finalement nous déposer au bord d’une plage d’Ipanema déserte. Il est bientôt onze heures du soir, nous remontons la grève sous une légère bruine, contemplant les vagues qui viennent déferler sur l’étendue abandonnée de tout plagiste.
Le lendemain, nous préparons rapidement un délicieux petit déjeuner sur la très longue table en bois de la pousada, sautons dans un taxi, donnons un coup d’œil au Christ rédempteur par la fenêtre, arrivons à la rodoviaria Novo Rio et grimpons dans le bus, direction Angra dos Reis. A Angra, cap sur les catamarans pour effectuer la traversée vers l’île d’Ilha Grande. A bord de ces derniers, on nous informe, de façon complètement décomplexée, que le prix pour les étrangers est différent de celui des autochtones. Nous nous acquittons gracieusement des 30 R$ par personne et mettons enfin un pied sur la jetée de l’adorable village d’Abraão.

Ancienne île carcérale, ce grand morceau de terre est demeuré entièrement vierge – à l’exception du pénitencier lové dans une crique sur la façade atlantique – jusqu’aux années 1990, années où l’on décida qu’il était plus rentable d’avoir des touristes que des criminels emprisonnés.

Dépourvu de population locale, le village d’Abraão, unique point d’urbanisation, est composé exclusivement de pousadas et de restaurants. Pour protéger cette enclave édenique, nulle voiture n’est tolérée et il n’est pas une seule route bitumée. Pour accéder aux plages, dépendant de votre courage et de votre sensibilité écologique, vous choisirez le bateau ou la marche (malheureusement, beaucoup d’endroits restent inaccessibles à pied). Notre ouverture d’esprit légendaire nous poussa à tester ces deux moyens de transport.

Notre première excursion, qui fut de loin la meilleure, consista en une marche en Havaianas à travers la jungle de deux heures et demie (auxquelles il fallut bien évidemment ajouter le retour). La descente fut douce, la montée ardue.

Etonnamment libératrice, cette balade fut la première que je pus faire au Brésil sans avoir à me soucier d’être sur un chemin abandonné et de m’y faire dévaliser. Si majoritairement, nous traversâmes des paysages tropicaux, je reconnais m’être crue en Méditerranée dès que nous cheminions à découvert. La traversée de la forêt de bambous fut également quelque peu déconcertante.
Suintants, nous arrivâmes sur le sable de Lopes Mendes. Limpide et turquoise, immense, dépeuplée, sans la moindre touche d’urbanisation, s’étendait sous nos yeux l’une des plus belles plages du monde ; ma photo ne lui rend pas grâce.

En chemin, nous croisâmes une foule d’animaux :
-Des papillons bleus géants virevoltant près des cascades
- D’adorables écureuils extrêmement bruyants lorsqu’ils mangeaient leurs noix
- Des singes qui ressemblaient à de grosses peluches duveteuses
- Un énorme serpent (que nous n’avons pas pris en photo sur le coup) qui semble être un spilotes pullatus
- Des uruburus (il y en a partout au Brésil) et une aigrette

Le lendemain nous fîmes le tour en bateau de la moitié de l’île. Plusieurs escales au menu, dont beaucoup de snorkeling. Le meilleur fut le Lagoa Verde où nous nageâmes parmi de jolis petits poissons multicolores. Ce tour fut l’occasion de constater à quel point l’île est bien préservée et totalement sauvage.

Vint le moment de quitter cet endroit paradisiaque et nous regardâmes du pont de notre bateau la côte s’éloigner, le cœur lourd mais pensant déjà à notre prochaine desserte.
Au terme d’un pénible voyage en minibus, nous arrivâmes à l’autre haut lieu de la Costa Verde : Parati. Ville aux mille et une plages, nous ne nous rendîmes cependant jamais sur ce sable mythique, préférant déambuler dans la merveilleuse ville coloniale.

Fondée au XVIIe siècle, la ville s’enrichit rapidement en accueillant les navires que l’on chargeait d’or pour le Portugal. Ces derniers arrivaient, les cales remplies de pierres que l’on utilisait pour daller le sol. Le pavement est d’ailleurs des plus irréguliers et l’on si tort tant les chevilles qu’il est appelé pê de moleque (pied de garnement).
Hormis ses ruelles au charme séculaire, une promenade mène au point culminant du littoral où se tient le fort, renommé forte defensor perpetuo à l’indépendance. En sus de vieux canons et d’une petite exposition sur la vie de l’époque dans les quartiers du fort, on peut trouver, au commencement d’un petit chemin, un panneau alarmant les visiteurs sur le nombre élevé d’accidents avec les huîtres.

Notre petite virée se solda finalement, l’estomac lourd de tous les plats de poissons que nous avions pu déguster, les pieds dans le sable, le regard sur la mer.