Curiosix Une parisienne parmi les paulistes

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Segundo e terceiro dias

le 1er août 2012



Ma génitrice angoissée a gentiment accueilli mon second réveil pauliste par un mail aux nouvelles charmantes extraites du Monde : « Les homicides repartent à la hausse dans l’Etat de Sao Paulo, augmentation de 51% en juin ! » Obrigada, Maman.

C’est ce jour-là que j’ai choisi pour aller dans le Centro, dans lequel il est fortement recommandé de ne pas se rendre la nuit ou le week-end (ça tombe bien, nous étions lundi après-midi). N. – le copain d’H., laquelle avait cours l’après-midi – a soigneusement choisi un survêtement prolique (adj. relatif à prolo) pour ne pas se faire remarquer tandis et j’ai ruiné tous ses consciencieux efforts en revêtant mon bien-aimé sweat HEC PARIS.


Avenida Paulista
Après avoir déjeuné avec H. dans un petit boui-boui très correct (buffet où l’on paie sa nourriture au poids), nous sommes partis à la chasse à la carte SIM. Malheureusement suite à une panne sur le réseau, le gouvernement a décidé de bloquer les réseaux des opérateurs jusqu’à ce que ceux-ci améliorent la qualité de leur service. Il est donc impossible d’acheter une carte SIM qui fonctionne en ce moment. Mais quel régal de se balader sur l’Avenida Paulista. Ce sont de vrais Champs-Elysées. Pas dans le sens luxe mais dans le sens grande artère pleine de vie. La Paulista fait trois kilomètres de long et arbore les constructions les plus hétéroclites possibles. Elle accueille toutes les grandes entreprises et d’innombrables banques (mais pas de McDo, pas de Starbucks, pas de ciné !) qui ont toutes des buildings plus étranges les uns que les autres. C’est vraiment impressionnant et il est extrêmement agréable d’y marcher. De 1870 à 1930, le café représentait 80% des exportations du Brésil. Le nom initial du pays était Terra de Santa Cruz (la terre de la sainte croix) mais les marchands, à force de dire qu’ils allaient chercher des braza (braises pour la torréfaction) finir par parler de Brasil. L’Avenida Paulista était le lieu de représentation des établissements de café à l’origine. Notons que pour entrer dans ces cafés, les producteurs et leurs invités passaient par la porte principale tandis que le personnel passait par la porte arrière, cette configuration a été conservée dans tous les immeubles : dans mon appartement, il y a un ascenseur qui mène à la cuisine et un second qui mène au salon.

Le métro ! Il est très propre et très sûr mais la machine avec le tourniquet ne rend pas le ticket, ce qui est assez déroutant. Direction República pour un tour dans le Centro. Le quatrtier connaît beaucoup d’animation car c’est un centre d’affaires. Pour résumer notre balade : la première partie (le sud) était assez décevante, hormis l’Opéra qui a la réputation d’avoir créé le premier embouteillage (mais pas le dernier, Sao Paulo est connue pour être utra-embouteillée) lors de son inauguration car tout le monde voulait venir écouter Shakespeare.

Ensuite nous sommes arrivés à la Praça da Sé. Une imposante cathédrale nous apparaît. A l’intérieur, un sorte de désillusion à la vue de tous les miséreux qui dormaient sur ses bancs. En sortant, on réalise en traversant la Praça da Sé de la quantité de sans-abris qui n’avaient pas encore effleuré notre vue.

Pas de temps à perdre, on s’engouffre dans le fourmillant Sao Paulo financier des années 1930. On se croirait à New-York. L’Edificio Altino Arantes (Banespa) est d’ailleurs une copie de l’Empire State Building. J’ai pour ma part préféré l’Edificio Martinelli. Un petit jus d’oranges pressées sur la Praça Antonio Prado avec les cireurs de chaussures qui s’activent en bas de la BM&F (résultat de la fusion du Sao Paulo Stock Exchange et du Brazilian Mercantile and Futures Exchange) et l’on goûte enfin le charme fou de ce quartier suranné.

Le Centro m’a définitivement plu et, la flamboyante Avenida Paulista s’imposant à moi à la sortie du métro, ce tour m’a permis de commencer à apprécier mon quartier et m’y sentir en sécurité. Ce fut d’ailleurs mon premier Sao Paulo by night puisque nous sommes sortis dîner dans un bar très sympa duquel nous sommes rentrés à pieds (il n’était que 22h et nous étions dans notre quartier, donc nous ne jouions pas les aventuriers périlleux non plus).

Aujourd’hui, premier jour à la FGV. Au programme un tour de la ville. J’ai d’ailleurs retrouvé D. de ma promo devant le car. Grande déception : il y a PLEIN de français dans le groupe. Le guide, un hollando-brésilien de soixante ans, était super. Il a commencé pour nous dire qu’il y avait trois accidents mortels de scooter par jour à Sao Paulo ce qui était très rassurant. On a refait le Centro, l’Avenida Paulista et le parc Ibirapuera mais on a découvert de nouveaux quartiers et bâtiments dont de superbes gares comme la Estação da Luz, qui est une reproduction d'une gare de Melbourne (soyons économes).

Nous nous sommes arrêtés au Mercado Municipal de Sao Paulo qui est un grand marché où l’on peut trouver plein de noix et de fruits tropicaux.
Arrêtons-nous quelques minutes sur les noix, plus particulièrement la noix de cajou (cajú). Figurez-vous que la partie que l’on mange en apéritif c’est le petit chapeau marron sur la photo, mais il s’agit bien du fruit ! La partie colorée est en fait un cancer mais dont l’intérieur est pulpeux et doux ce qui permet d’en faire des sucos de cajú qui sont délicieux. Même principe pour le suco de cacau, avec les gosses très colorés de cacao !

Nous avons continué notre périple jusqu’à Higienópolis (« la ville propre ») qui est le quartier juif à présent. On y trouve des 500 mètres carrés pour seulement $ 600.000 puisque ceux-ci, construits dans les années 1950, n’ont qu’une unique salle de bain. Il est intéressant de remarquer que le prix au mètre carré à São Paulo est de 10 000 € ce qui explique que la plupart des entreprises se soient délocalisées aux frontières de la ville. Dans ce quartier il y a la meilleure université de médecine du Brésil (8% de tourisme médical, en particulier pour la chirurgie plastique) et, juste en face, un cimetière assez connu, ironiquement. On y trouve aussi un mémorial juif dont l’architecture rappelle la Torah.
Puis ce soir, pour les anniversaires d’H. et d’A., nous sommes sortis au Skye Bar qui est sur le toit d’un hôtel et qui offre une vue splendide sur la skyline de la ville. J’ai rarement eu un panorama aussi impressionnant : des grattes-ciels nous encerclent à 360 degrés mais sans jamais nous étouffer puisqu’ils sont distants d’un ou deux kilomètres du point de vue. Le temps depuis hier n’était malheureusement pas au beau fixe (il parait qu’il est fréquent de faire les quatre saisons en quatre jours ici) et nous attendrons donc les beaux jours (novembre !) avant d’aller tester l’eau de la piscine de ce bar.

Na próxima !