Macau, Hong Kong, Guilin et Yangshuo


Bonsoir à tous,

Me voici rentrée saine et sauve de mon escapade dans le sud du pays, à Macau, Hong Kong puis dans le Guangxi.

Macau, un air de Brésil

En 1557, la Chine octroie le droit d'établissement sur le territoire de Macau aux Portugais. La péninsule ne sera rétrocédée qu'à la veille du second millénaire, en 1999, après quatre-cent quarante-deux années sous pavillon lusitanien. Toujours langue officielle, le portugais n'a plus pour présence dans la ville que les panneaux et les publicités. Le cantonnais domine aujourd'hui, le portugais se cantonnant à 2,4% de la population. J'ai tout de même pu exercer mon oreille à ce nouvel accent lors d'une messe dans la cathédrale (à laquelle assistait une patrouille scout du panda !).
L'ancien comptoir recèle de vestiges de sa grandeur passée et l'on peut, à l'ombre des casinos en fleurs, encore arpenter quelques ruelles pavées et se rendre d'une église dominicaine au chemin de ronde des fortifications (desquelles un miraculeux tir de canon jésuite sauva la ville de l'invasion hollandaise) en passant par le plus vieux phare du litoral chinois. On pourra également se rafraîchir dans les très nombreux jardins de la ville, déchiffrer les épitaphes du cimetière protestant pour les marins et leurs femmes, admirer la maison de Sun Yat-Sen et partir à la chasse aux azulejos portugais. Macau présente donc bien plus d'attraits que sa seule trentaine de casinos.
Cela dit, ne dédaignons pas l'industrie du jeu qui représente 40% du PIB et dont l'histoire est toute aussi trépidante que celle des ambitions hollandaises sur la péninsule. C'est au magnat Stanley Ho que nous devons l'envers de l'architecture macanaise. Poussant comme des ananas (voyez la forme du Grand Lisboa), ses casinos sont autant d'ambassadeurs pour ce bout de terre. D'ailleurs, il représentait à lui seul 30% du PIB de Macau en 2003 ! Comme à Las Vegas, vous ne manquerez pas de vous retrouver dans une reconstruction pharaonique de Venise, du Cap, d'Amsterdam, de Lisbonne, voire même d'un faux volcan en activité !

Evidemment, qui dit jeu, dit blanchiment d'argent et les rues de Macau n'ont pas manqué de se faire maculer du sang des triades (dont les ardeurs ont été réfrénées depuis la reprise en main du territoire par la Chine).

Sans jamais avoir touché le moindre bandit-manchot, j'ai tout de même réussi à être insolvable : après avoir dîné au restaurant du Grand Lisboa, nos cartes de paiement ont toutes été refusées et les distributeurs d'argent ne furent pas plus cléments. Heureusement, les gérants du casino ayant l'habitude des mauvais payeurs ont accepté que nous les payions en yuans (la monnaie locale étant le Pataca - différente mais indexée au dollar hongkongais). R s'est donc constitué prisonnier pendant une heure le temps que j'aille trouver des devises continentales.

Hong Kong, l'étouffante modernité
Après deux jours, le ferry m'emporta loin de l'enfer du jeu pour me faire apposer le visa le plus laid de l'histoire des laissez-passer (un ticket de caisse mal agrafé sur mon visa indien). Sur la rive est de la baie de Canton, face à Macau, une multitude de gratte-ciels se perd dans les nuages le long de la côte du "port aux parfums". Nous voilà à Hong Kong. En soi, la région administrative d'Hong Kong est composée de l'île d'Hong Kong (cœur de la ville), de la péninsule de Kowloon ("neuf dragons" - huit montagnes plus l'empereur) et des nouveaux territoires (rattachés en 1898, comprenant la partie continentale sauf Kowloon ainsi qu'une myriade d'îles).
Tout comme Macau, Hong Kong est en Chine sans être en Chine. Les citoyens continentaux n'ont droit qu'à sept jours passés dans les régions administratives spéciales par an, dont pas plus de trois consécutifs. Mon passage là-bas a d'ailleurs été considéré comme une sortie du territoire. En outre, tout en ayant perdu son charme britannique (à l'exception du parfum évanescent que l'on surprend encore dans le hall de l'hôtel Peninsula, ou devant l'ancien hôtel de police maritime), l'autonomie dont elle jouit a permis à Hong Kong de se forger une identité bien distincte du continent. Chanteurs, cinéma, luxe, prospérité économique, HK est un bijou de la couronne (chinoise) mais attise la convoitise continentale (un possible suffrage universel pour la désignation du chef de l'exécutif a été reporté de 2012 à 2017) et cache des démons tels que la pollution, le chômage, l'immigration, l'insalubrité et l'affaiblissement de la croissance.
Montagneuse, la géographie permet peu à l'urbanisation de s'enfoncer dans les terres et le paysage classique reste quelques rangées de bâtiments coincées sur le rivage et surplombées par des collines couvertes de végétation tropicale.
La voiture est reine et le traffic est fou. Le piéton est relégué dans les hauteurs (couloirs surélevés sur des centaines de mètres permettant de passer d'un immeuble à un autre) ou dans les profondeurs (réseaux de galeries marchandes). L'ami qui nous logea là-bas reconnut ne jamais voir l'extérieur de la ville bien qu'il habitât à Kowloon et travaillât sur l'île d'HK. En effet, son appartement se trouve dans un complexe d'une dizaine de tours (entre cinquante et cent étages) toutes connectées à un même centre commercial géant souterrain (qui compte suffisamment de restaurants pour ne jamais en être fatigué, enseignes de luxe à foison, des banques, un cinéma et... une patinoire !), lui-même relié au métro qui débouche à Central (île d'Hong Kong), dans un autre centre commercial auquel le gratte-ciel dans lequel il travaille est rattaché. A l'exception de son jogging hebdomadaire dans l'un des parcs naturels, nul besoin donc de sortir, son immeuble lui offrant de multiples salles de sport, une piscine avec vue imprenable sur l'autre rive ainsi que sauna, hammam, et autres bains bouillonnants. Le tout avec une propreté et une accessibilité rarement égalées.
J'ai rarement vu autant de boutiques Louis Vuitton au kilomètre carré, pas étonnant que ce ne soit plus du luxe ici (à contrario, le rare H&M m'a semblé plus inaccessible).
Ce qui m'a frappée dans ces zones humides, c'est, comme en Inde, la moisissure qui ronge tous les bâtiments et les trainées noirâtres sur les façades recouvertes de ventilateurs asthmatiques.
Dehors, l'air est humide, il fait très nuageux (et pourtant nous avions apparemment une des meilleures météos possibles), les tempêtes sont furieuses et le traffic incessant. En intérieur, la climatisation vous souffle dessus à pleins poumons et vous réalisez rapidement que la densité de population est problématique. Elle a beau être impressionnante, Hong kong est une ville étouffante. La nature nous encercle (mer, jungle, montagne) mais nous n'y sommes jamais vraiment.
On s'amusera tout de même des échafaudages entièrement en bambous (parfois sur des centaines de mètres de haut lorsqu'il s'agit de construire un nouveau gratte-ciel) et de l'architecture feng-shui des bâtiments (certains ont des trous pour laisser passer le chi, d'autres des niches pour laisser dormir les dragons, etc.).

Guilin & Yangshuo, des pics et des éléphants




Retour en Chine dans la province du Guangxi pour aller pédaler au milieu des rizières et des pics karstiques. On compte des milliers de ces gigantesques bosses ainsi recouvertes de forêt. Elles poussent partout et la ville se déploie autour de ces enclaves de nature. Leur déclivité coupe le souffle et permet des paysages tels qu'il n'en existe nulle part ailleurs.
Au milieu de Guilin, sœur de l'arche d'Etretat que Maupassant compara à un éléphant, la colline en trompe d'éléphant plonge dans la rivière. La légende veut qu'il se soit agit de l'un des éléphants de l'Empereur de jade. Laissé pour mort après avoir ravagé la région, l'animal aida un vieille homme qui l'avait pansé à reconstruire son village. L'apprenant, l'Empereur envoya des émissaires pour l'assassiner. Après avoir vaillamment combattu plusieurs jours durant, le combatif pachyderme voulut s'abreuver à la rivière et fut pris en traître. Fossilisé à jamais dans les roches de Guilin, il est la vedette des touristes chinois pour l'éternité.

N

Pour vous faire retirer de la liste de diffusion, rien de plus simple ! Envoyez-moi un message me disant que je peux me fossiliser en pic karstique et que ça ne vous fait ni chaud ni froid.