Le Bouddha et la fourmi


Bonjour à tous,


Au programme aujourd'hui, une plongée dans le bain chinois. Je vous invite à regarder les courtes vidéos de mon train-train quotidien sur le campus. Les deux premières vous permettront de vous faire une idée plus fidèle de ce qu'est la fourmilière chinoise (capharnaüm de vélos et d'étudiants devant l'un de la trentaine de bâtiments de cours, puis un embouteillage de bicyclettes à 8h du matin). La dernière vous dépeint le supplice bi-journalier de la cantine où vous n'avez d'autre choix que d'écouter vos voisins "slurper" leurs pâtes ou leur riz (je me limite à ce dernier qui peut encore se manger dignement - impossible d'avaler proprement les nouilles avec des baguettes).
Si nous sommes des coqs, les chinois sont des poules : à 12h15 le matin et à 18h45 le soir, les cantiniers n'ont déjà plus rien à nous servir, tous les étudiants Chinois s'étant précipités pour engloutir leur gamelle (ça se comprend, les pauvres doivent repartir dard-dard à la bibliothèque pour avoir suffisamment de temps pour étudier avant l'extinction des feux obligatoire des dortoirs chinois à 23h).

Nous sommes allés visiter la plus grande lamaserie de Pékin, le temple Yonghegong. Aussi incroyable que cela puisse paraître, ce temple bouddhiste a survécu à la révolution culturelle. Cadeau du Dalaï-Lama de l'époque, un bouddha remarquable taillé d'un seul arbre de santal vous toise de ses 26 mètres (dont 8m sous terre), il fallut trois ans pour l'acheminer depuis les contreforts de l'Himalaya. Le temple du lama est aujourd'hui brandi par le gouvernement comme preuve que le Tibet a toujours voué obédience à la Chine.

A l'intérieur, des dizaines de bouddhas sont adorés par les visiteurs qui viennent offrir de l'huile et de l'encens. Dans un pays où l'athéisme touche 60% de la population et où les deux premières religions sont plutôt des philosophies, il est incroyable de voir des gens prier et se prosterner. Même si les bouddhas sont idolâtrés, ils restent des êtres humains qui ont juste atteint le Nirvana ; leur mysticité n'est pas transcendante. Avant même la question de l'existence d'un dieu, l'idée de dieu telle que nous la concevons en Occident est difficile à saisir pour un Chinois. L'adoration des visiteurs - pas des prêtres qui, eux, font un véritable travail de méditation - nous laisse alors très perplexe puisqu'elle semble reposer uniquement sur du rituel et de la superstition.

Dans la rue qui mène au temple, on tombera coup sur coup sur des attroupements de vieux Chinois jouant au xiangqi, les échecs locaux, et sur d'innombrables vendeurs ambulants de gâteaux de riz. Il s'agit de la nourriture des pauvres : fade, ce compactage de féculents est d'une densité sans commune mesure. La lichette que nous avons achetée pesait bien 3kg et à six nous n'en vînmes pas à bout.

Bon matin,

N

Pour vous faire retirer de la liste de diffusion, rien de plus simple ! Envoyez-moi un message me disant que je peux mourir étouffée par une bouchée de gâteau de riz et que vous vous en fichez bien.