Premières nouvelles californiennes

le 02/02/2015

Chers amis,

Me voici atterrie en Californie !

Après une soixantaine de candidatures aux Etats-Unis, dont 88% restées sans réponses ou déclinées directement et trois compagnies (qui étaient toutes françaises ou pleines de Français) en tout m'ayant fait passer des entretiens, j'ai finalement décroché un poste dans la Silicon Valley. Pour obtenir ce taux d'emploi mirobolant de 1,75%, il m'a fallu trois mois de recherche suivis de deux de procédures pour obtenir un visa.
Je commence mon futur métier demain. En attendant de retomber dans l'engrenage infernal de la vie, mon cher et tendre affublé de sa plus somptueuse tenue - tout le monde ici semble pouvoir arborer un T-shirt avec Donald comme un coq en pâte au travail - m'a fait visiter un peu les lieux où j'ai élu domicile.
Ma première journée a très bien commencé puisqu'à la banque où j'ai ouvert un compte, ils m'ont offert... un poney en peluche ! Un peu infantilisant mais très gratifiant.
Dans la Silicon Valley, il n'y a rien qui puisse ressembler de près ou de loin à un centre-ville. Ce ne sont que de longues rues bordées de maisons sans fondations et complètement hétéroclites (ça va de la mini-Maison Blanche, à la maison normande à colombages, en passant par une villa provençale ou une tourelle de château Disney et bien sûr le basique parallélépipède rectangle). Quelques rues sont commerçantes mais pas un bâtiment n'a plus d'un étage. On se croirait dans une version moderne de ces villes de films de Far-west où tout est en carton-pâte - la folle animation des saloons en moins.

Tout est étalé. Il n'y a AUCUN transport en commun, pas même un bus (juste une sorte de RER qui va de San Francisco à San José mais qui est complètement inutile et d'ailleurs la plus proche station est à 1h à pied de chez moi). Pour le moindre déplacement, il faut une voiture : la première rue commerçante est à 50min à pied et le premier supermarché à 30min (ça peut se faire mais comme ça monte et ça descend énormément, on ne peut pas être chargé). Je voulais m'acheter des rollers mais les distances sont vraiment trop longues. Le vélo me semble assez éreintant aussi avec ces collines partout mais je pense essayer.
Je n'ai pas encore visité le temple suprême de la consommation qu'est le Walmart mais j'ai fait un Safeway (~Carrefour) et des CVS Pharmacy et Walgreens (~Boots en Angleterre, sortes de parapharmacies gigantesques où l'on vend plein de choses sans rapport avec la santé). A deux semaines de la Saint Valentin, des rayons entiers de cartes, de chocolats et de fleurs s'étendent sur des dizaines de mètres.
Superbowl oblige, une sculpture de packs de bières, de sodas et de paquets de chips s'élevait à l'entrée du supermarché. Il semble que les pharmacies ne vendent pas encore d'alcool à moins de 50 degrés, sinon je ne doute pas qu'elles profiteraient de la manne de la finale du championnat de football américain elles aussi.
Nous sommes allés petit-déjeuner/bruncher dimanche dans un restaurant qui m'a complètement stressée car la façon dont le menu était fait était complètement absurde. Du coup j'ai juste pris un croissant. Cela a suffit pour le dépaysement : il avait bien une tête de croissant mais était étonnamment sucré ! Même expérience avec les céréales de petit déjeuner : j'ai acheté des Special K au chocolat (que l'on a aussi en France) et qui étaient les céréales avec le moins de sucre du supermarché et... on dirait qu'on a ajouté deux bonnes cuillers de sucre par rapport au goût en France. J'avais lu qu'il fallait effectivement se méfier car en ingérant la même quantité - du moins le croit-on - on s'empâte car les teneurs en nutriments sont différentes des européennes. Diabète, me voilà !
L'appartement de R est grand mais malheureusement assez sombre. Il est surtout au milieu d'un petit bois ce qui fait que j'ai des écureuils gris au pied de mon balcon !
Le salon est entièrement vide pour l'instant et la plupart des autres pièces aussi. J'ai paré au plus pressé en m'achetant mon presse-agrume, instrument vital pour mon orange pressée du matin (on dit "OJ" ici pour "orange juice" - il faut le savoir, je pensais qu'ils me parlaient d'O.J. Simpson, joueur de football américain qui avait assassiné son ex-femme et son compagnon et dont le procès a été l'un des plus médiatiques).



Une dernière remarque : il fait très beau ! Le thermomètre ne montera jamais au-dessus de 25 degrés Celsius mais il fait 20C toute l'année (sauf le soir où il fait très frais) !



Le Super Bowl

C'est la finale du championnat de football américain qui a eu lieu dimanche. En un mot, c'est le cliché que l'on a de l'Amérique.
Les règles grosso modo du jeu :
Le terrain a des lignes de démarcation tous les ~10m. Une équipe a quatre tentatives pour faire atteindre au ballon la prochaine ligne des 10m sans se le faire intercepter. Une tentative finit quand le porteur de balle se fait plaquer ou prendre la balle. Si l'équipe réussit à franchir la ligne 10m plus loin, elle engage au niveau de cette ligne et a à nouveau quatre tentatives pour aller 10m plus loin. Ca continue comme ça jusqu'à ce qu'elle se fasse piquer la balle ou qu'elle arrive à la fin du terrain (elle marque alors 6pts et a le droit à une transformation qui rapporte 1pt). Quand il ne lui reste plus de tentatives, c'est au tour de l'autre équipe d'essayer de remonter le terrain.
C'est très tactique car les actions sont très courtes (~10sec chaque tentative de franchir 10m). Les stratégies d'attaque consistent à immobiliser/plaquer les défenseurs adverses suivant certains schémas pour que le porteur de balle puisse se faufiler sans se faire plaquer. Ca peut être extrêmement élaboré. En défense, les stratégies sont un peu plus barbares puisqu'il faut coûte que coûte empêcher le porteur de balle d'avancer (ils vont aussi casser la gueule du quarterback pour déstabiliser l'équipe adverse en parallèle).
Ce match qui opposait la côte Est (Patriots de New England) à la côte Ouest (Seahawks de Seattle) a été salué comme un des meilleurs joués. Tout du long, le public fut tenu en haleine par énormément de suspens et de rebondissements. Notamment dans le quatrième quart-temps où il y eut des actions de défense spectaculaires et, à 18sec de la fin, une grosse bagarre bien vilaine.
Le Superbowl est l'évènement sportif de l'année. Pourtant, s'il a été suivi par 108 millions d'Américains cette année, ce n'est pas que pour le sport mais surtout... pour les publicités ! A $4.5millions les 30sec de spot publicitaire en 2015 (n'incluant pas les frais de conception de la pub, juste l'achat du créneau), les annonceurs sortent leurs meilleures publicités. Cette année, on a pu voir entre autres Kim Kardashian (pub pour la sauvegarde des données au cas où elle perdrait sa collection de selfies), Lindsay Lohan (pub pour une assurance auto - vu son passif d'alcoolémie au volant), Pierce Brosman et plein d'acteurs américains connus dont je ne me souviens plus des noms. Il y avait également un concert de Katie Perry avec Lenny Kravitz à la mi-temps.

C'est aussi la fête de la pizza (60% de l'audience en a mangé, 11m de pizza ont été vendues par Domino Pizza et Pizza Hut a établi un record de vente en ligne), des chicken wings (~1,25 milliards mangées), du guacamole (50m de kg), de la bière et de sodas.


La Silicon Valley

Pour finir, remettons-nous un peu en mémoire nos cours de géographie avec cette brève description de la Silicon Valley :
La Silicon Valley (= vallée du silicium, élément clef de la fabrication des semi-conducteurs) se trouve sur la côte ouest des Etats-Unis, au milieu de l'état de Californie, sur la rive sud de la baie de San Francisco. Elle se situe à :
- 9 000 km de Paris
- 8 000 km de Tokyo
- 4 000 km de New York
- 3 000 km de Mexico
- 650 km de Los Angeles (sud de la Californie)
- 50 km de San Francisco
- 15 km de mon bureau
C'est dans ce chapelet de villes aux noms hispaniques (Palo Alto, Santa Clara, Cupertino, San Jose...) qu'ont bourgeonné nombre de grandes firmes technologiques (Google à Mountain View, Apple à Cupertino, Facebook à Menlo Park...), voire se sont écrasés de grands rêves (heureusement que les startupeurs vouent un véritable culte à l'échec et au rebond, puisque 90% des startups se plantent - même pourcentage dans des incubateurs connus ayant doctement sélectionné leurs projets). Le PIB de la Californie est de 2 000 milliards de dollars (soit 13% du PIB des Etats-Unis), ce qui la hisserait en dixième place mondiale entre l'Italie et l'Inde (chiffres de 2012). La Silicon Valley compte étonnamment pour seulement 10% de ce chiffre.



Talk to you soon !

N

Pour être retiré de la liste, écrivez-moi juste et soyez sans remord, avec mon diabète montant je vais bientôt perdre la mémoire et oublier votre indifférence.