Curiosix La France n'est pas une nostalgie, elle est une espérance

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Nouvelles #17 !

le 22/08/2015

Braves, courageux lecteurs qui lisez encore mon babillage,

C'est avec le souci de l'urgence qu'il me faut vous annoncer mon arrivée imminente. Lundi, à peine parisienne à nouveau à la descente de mon transatlantique, je prendrai place à bord d'un convoi qui s'enfoncera dans la nuit occitane. Parviendrais-je seulement à trouver le sommeil sur ma sobre couchette bercée par le ronronnement d'une micheline enrouée, que j'aimerais tout de même m'éviter le sort de Mr Ratchett dans l'Orient Express. Mais quels dangers ne braverais-je pour m'éveiller dans l'aube quercynoise ?

Les vacances illimitées sont la norme dans la Silicon Valley. Malgré tout, mes collègues m'ont décoché leurs regards éberlués lorsqu'ils apprirent la durée des congés que j'avais eu l'audace de poser. Les "You, Frenchies!" fusèrent en nombre à l'annonce de ces trois semaines d'outrageuse absence.

Mon colocataire dont le flegme égale le mien avait lui aussi pris trois semaines fin juillet, ce qui me permit d'avoir la paix et de m'atteler à la pénible tâche de boucler mes projets au travail. Ce calme ménager opportun me permit de faire l'ouverture et la fermeture du bureau quasiment tous les jours. J'ai quitté le travail vendredi soir presqu'apaisée.
Je n'ai pas pourtant profité du séjour de R en Norvège pour seulement marcher les yeux fixés sur mes pensées, sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit. Alors que j'aurais peut-être dû m'inquiéter des risques qu'il encourait à se faire emporter par des courants de l'océan glacial arctique dans les fjords en Norvège, je suis allée à la plage avec mes collègues en pleine semaine. J'avais tout le bon vouloir du monde pour travailler mais lorsque votre VP prescrit un après-midi à lézarder au soleil, pas moyen de refuser.

Nous avons aussi fait le pot de départ de mon manager et fêté l'anniversaire d'une de mes collègues (qui se transforma à leur annonce en célébration de ses fiançailles). S'il est un point vraiment sympa c'est que nous nous entendons vraiment bien avec mes collègues et lorsque je passe quatorze heures d'affilée au bureau, ça m'ennuie à peine parce que je suis contente de les retrouver.
D'ailleurs pour enrayer l'endémie canine au bureau, nous avons amené Pandora, le chat d'O. au bureau. Un grand succès !
Ma solitude fut agrémentée de quelques escapades à San Francisco, dont une expo sur des œuvres mineures de Turner.
Qui dit Silicon Valley dit qu'il était grand temps que je prenne part à des activités de geek à lunettes. Une copine m'a invitée à une "soirée Harry Potter" chez Google. La principale activité était la projection en plein air du premier film. Là, vous vous dîtes, Google... entreprise de haute technologie...Alphabet... diffuser un film ça doit être le b.-a.-ba... et vous vous méprenez ! En effet, il fallut bien quinze minutes pour régler le projecteur, le DVD était rayé au début et la structure gonflable qui servait d'écran s'est écroulée en plein milieu du film ! C'était hilarant d'amateurisme. Si cet évènement auquel un millier de personnes participait avait été une des revues trimestrielles et le public un parterre d'analystes financiers et d'investisseurs, il est probable que le cours de l'action GOOG aurait violemment baissé à l'ouverture du NASDAQ. Heureusement, la foule n'était composée que des enfants attardés que nous sommes.
Au retour de Roger, nous avons pris part à une pool party, pour la pendaison de crémaillère d'une collègue américaine. Je m'en veux terriblement de n'avoir qu'une unique photo car c'était une véritable expérience culturelle. De 15h à 21h, la trentaine d'invités se prélassa dans la piscine (agrémentée d'une petite cascade !) à ne rien faire qu'à siroter des bières ou s'adonner à d'interminables parties de beer-pong (jeu à boire qui consiste à lancer une balle de ping-pong dans des verres de bières). Ma collègue et ses colocs possèdent non pas une mais TROIS tables de beer-pong (pour vous montrer à quel point il s'agit d'une institution). Exactement comme dans les films, des American boys en shorts de bain et aux torses imberbes et décuplés par les séances de muscu se faisaient des high fives à tout bout de champ en se défiant au beer-pong et en buvant dans ces fameux gobelets rouges. C'était très sympa et caricatural à la fois.

Autre spécialité américaine, j'ai appris à faire des pancakes ! C'est la recette la plus facile du monde : achetez une préparation toute faite, ajoutez de l'eau, dix secondes dans la poêle, retournez et voilà ! En parlant avec mes collègues, il me semble qu'ils ne cuisinent jamais mais sortent au restaurant ou se commandent de la nourriture. Entre l'étendue des rayons de supermarché de plats cuisinés, de produits "prêts à consommer" et de préparations toutes faites pour gâteaux, je me demande vraiment qui fait la cuisine. D'autant plus que dans la Silicon Valley, de nombreuses entreprises offrent la nourriture non seulement le midi mais aussi le soir à leurs employés.
J'achève ainsi mon huitième mois en Californie et il est grand temps de venir me ressourcer à la maison!
A la revoyure dans le Quercy en août ou dans la ville lumière début septembre !