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Nouvelles #18 Retour au bercail

le 16/09/2015

Autant vous le dire d'entrée de jeu, vous n'allez pas apprendre grand chose aujourd'hui, je voulais avant tout jouer avec un éditeur d'email et vous me servez un peu de cobayes.
Le problème majeur des vacances est qu'elles prennent fin. Quelque estivant déjanté vous soutiendra parfois que c'est pour en mieux profiter mais cet argument n'est qu'un cache-misère.

Occupée à chaparder mûres et figues à l'ombre des caselles, je ne vis pas les charmes de ma contrée reculée ni les griffes de ma mère s'enserrer sur moi. Ainsi s'écoula ma première dizaine de jours, où se perdirent tantôt mon esprit dans les côtes de Cornouaille avec Hercule Poireau, tantôt mes pas dans les ruelles de vieux patelins quercynois.
De retour à la capitale, j'eus la joie de revoir beaucoup de monde et de passer d'excellents moments avec tout un chacun. C'était comme si je n'étais jamais partie. Evacués les discours de rigueur pour rattraper le temps perdu, nous nous retrouvions comme si rien n'avait cessé ici dans un bar, là sur une pelouse, plus loin dans une expo, ailleurs dans un café. C'était comme si tout recommençait.
Comme j'ai eu le sentiment de radoter en répondant à vos interrogations, voici la plus commune :

Ca te plait la vie là-bas ?
Bof, je m'ennuie.
Je n'ai pas beaucoup d'amis mais ça commence un peu. J'aime bien mes collègues et certains sont devenus de bons amis mais je ne me suis pas vraiment fait de copains en dehors du bureau. J'ai rencontré des locaux à certaines occasions mais, comme on m'avait prévenue, vous avez beau avoir passé un bon moment pendant plusieurs heures ensemble, ce n'est absolument pas un gage d'amitié.
J'ai finalement peu d'occasions pour sortir. Les gens sont très casaniers. Le weekend, ils vont faire de la muscu, vont faire un jogging/une rando (mais pas très vite), dînent au restaurant avec leur meilleur ami et vont se coucher tôt. Tout étant très étalé, il n'y a pas de bar accessible à pied pour se retrouver après le travail dans un cadre décontracté. Dans toute la Silicon Valley d'ailleurs il n'y a que deux rues où sortir. Même à San Francisco les bars ferment à 23h. Je n'habite pas loin de SF (30min en voiture) mais suffisamment pour ne pas y aller sans avoir de raison. Je sais que je donne l'impression de faire pas mal de choses ici mais j'ai souvent visité les choses toute seule ou avec R et je vous avoue que je commence à avoir fait le tour. Les excursions dans les grands parcs ou d'autres villes nécessitent maintenant d'immobiliser des weekends entiers et un peu plus de moyens financiers.
Ne pas pouvoir me balader ni sortir fait que je me sens vraiment enfermée. Enfermée dans ma résidence, dans ma voiture, dans mon bureau (les bureaux dans la SV sont des cubes sans fenêtres).

Avant de rentrer je me demandais si finalement je ne m'étais pas installée et n'avais pas commencé à faire ma vie en Californie et surtout fini pas m'éloigner de mes amis européens à force de ne plus partager le quotidien. Il n'en fut rien.
Une journée en Normandie me donna les couleurs qui n'avaient jamais marqué mon visage malgré six mois de soleil californien. Deauville et Trouville se révélèrent plus authentiques qu'anticipé et nous nous délectâmes de poissons et de balades sur la plage.

Il fallut pourtant bien s'en retourner à des milliers de kilomètres de là. Comme un signe du destin, je ne pus monter à bord de mon A380 le jour dit et fus contrainte à rester à Paris vingt-quatre heures de plus. Rempiler sur une semaine de trois jours mit mon cœur en liesse. Un peu comme lorsque je m'étais rendu compte au départ que j'avais oublié mon câble d'alimentation d'ordi professionnel et ne pourrais bosser pendant mes vacances. Satané Freud...
Allez, on se revoit à Noël !