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Nouvelles #2 Mon anniversaire, ma première semaine de travail, le Pacifique et Stanford

le 07/02/2015



Joyeux anniversaire moi-même ! A peine avais-je passé cinq jours sur le sol américain que la fatalité de la vie se remettait à ma poursuite déjà et que le couperet quart-séculaire s'abattait sur moi.

Seule dans un pays étranger, n'ayant pas grand monde avec qui célébrer mon avancée vers ma date de péremption, j'ai décidé d'aller voir le Pacifique pour la première fois (à Hong Kong, c'était la mer de Chine). R et moi sommes donc allés nous confronter aux vents marins à San Gregorio (et nous n'avons pas été déçus puisqu'en fait d'embruns, nous avons eu les prémices de la tempête du lendemain).

Les images officielles du restaurant (nous sommes arrivés au crépuscule)


R auprès du feu sur la terrasse en train de résister courageusement au froid en polo
Moi puis encore moi
Puis nous avons dîné au Ritz-Carlton perché sur une falaise dominant la mer à Half-Moon Bay (dans mon milieu naturel je n'aurais pas cautionné ce genre de frivolité mais en l'absence de témoin je ne me suis pas gênée, d'autant plus que ça ne coûtait pas grand chose par rapport à l'équivalent en Europe). J'ai ainsi pu manger un halibut (flétan) pêché à San Francisco - et j'ai eu mal au ventre toute la nuit après (mais c'était peut-être le dessert qui m'a fait mon plein de sucre pour au moins deux mois et que je n'ai pas pu finir). Nous sommes ensuite allés prendre une infusion sur la terrasse ou il y avait de grands feux autour desquels se réchauffer en se faisant décoiffer par un flot ininterrompu de bourrasques. Somme toute, c'était très amusant.

Le seul avantage que l'on trouve à vieillir est bien de recevoir des cadeaux (le type qui a inventé le temps devait être sacrément matérialiste). Je sais que vous m'avez fait plein d'offrandes avant de m'ostraciser mais j'étais un peu déçue quand même jeudi lorsque R a reçu deux paquets dans la boîte aux lettres et moi rien et où il m'a parlé d'un paquet sans expéditeur en me disant que ses oncles et tantes étaient trop sympas car ils lui envoyaient des trucs... jusqu'à ce qu'H me dise qu'elle m'avait expédié quelque chose et que je réalise que ce monstre de R qui ne m'avait rien offert s'était en plus approprié MES cadeaux.



Victime des ans dans un pays étranger il me fallut en sus affronter une autre cruauté sociétale : ma première semaine de labeur. Je m'apprêtais à tout endurer, consciente que, telle le cafard, je survivrais à tout. Finalement ce ne fut pas si dramatique.

[Explication de la société]
Ma société offre un SaaS sur le cloud qui fait du big data et du predictive analytics. En français : ils vendent à des enseignes de détail (ex : The Body Shop) un logiciel auquel les clients accèdent directement par internet. Ce logiciel reçoit d'énormes flux de données (ex : quel client a reçu/ouvert/cliqué tel email, quels produits tel client a regardés en se baladant sur le site, quelles commandes tel client a passées après avoir reçu tel catalogue), analyse toutes ces informations et permet de consulter toutes sortes de métriques (ex : nombre de clients ayant fait un achat il y a moins d'un an, étant intéressés par les articles de sport, habitant en Californie et par tranches d'âge - on peut mettre des critères à l'infini) à partir desquelles on peut proposer des campagnes marketing (ex : on peut décider d'envoyer un email personnalisé aux visiteurs du site web qui ont placé des produits dans leurs paniers il y a moins d'un mois mais qui n'ont pas concrétisé leur achat). La valeur ajoutée de l'entreprise est leurs algorithmes qui permettent d'identifier la "propension à l'achat" d'un consommateur. Du coup, on sait sur quels clients on perd du temps et de l'argent et ceux auxquels il faut envoyer des campagnes marketing car ils sont six fois plus enclins à acheter. Des clients qui ont une forte propension à l'achat ont besoin d'une piqûre de rappel pour les faire acheter alors que des consommateurs avec une propension moyenne vont avoir besoin qu'on leur envoie une promotion pour stimuler une dépense.



Ma société compte ~120 employés et dans la baie nous devons être ~70. L'entreprise a son siège à Mountain View (dans la baie de San Francisco, là où je suis - mais nous déménageons à Sunnyvale dans deux semaines apparemment), il y a aussi de petits bureaux à San Francisco, New York, en Suède et en Turquie. Il y a des asiatiques (qui peuvent être américains ou installés là depuis des années et des années), des turcs (le PDG est turc), des français (j'en compte une dizaine) et des "divers" (j'ai vu trois américains, deux suédois, un indien, une israélienne...).

Je suis dans l'équipe "implémentation" c'est à dire que j'accompagne le client durant les trois premiers mois après qu'il a signé son contrat. Il y a une grosse composante gestion de projet : suivre que tout se passe bien, vérifier que les extractions de données fonctionnent, que les données ont les bons formats, donner du sens aux résultats des algorithmes et les exploiter pour générer des revenus, définir et lancer les premières campagnes marketing, fixer les critères de succès pour le client et résoudre les problèmes...

Pour le moment j'ai pris part à des calls (toutes les réunions se font dans des salles de conférence virtuelles) de vente (ie. quand le client n'a pas encore signé) et d'implémentation (le client a signé). J'ai aussi réalisé une étude pour voir si les comportements d'achat changeaient au moment de la Saint Valentin.

Mon premier call a été assez rocambolesque : c'était avec la côte Est donc à 7h du matin ici. Je suis arrivée au bureau à 6h55 sauf que c'était fermé à clef et que je n'avais pas la clef - j'ai donc erré jusqu'à tomber sur un monsieur de l'entretien. Puis mon logiciel de conférence était mal configuré : par moments je n'entendais pas ce qui se disait, le partage d'écran s'est interrompu et au bout de 45min j'ai été éjectée de la conversation. Ou l'art de faire bonne impression... Heureusement j'avais un rôle complètement végétatif donc ça n'a gêné personne.

Sinon l'entreprise nous nourrit trois jours par semaine (on a un site sur lequel sélectionner ce avec quoi l'on souhaite s'empiffrer puis c'est livré à 11h30) et les deux autres jours je suis allée déjeuner au bord de la baie dans une base nautique très chouette survolée par des oies sauvages avec les asiatiques de mon équipe et dans un sushi dans un supermarché avec les Français de la boîte.

Terrasse et cuisine


L'open space et les balles-sièges


Mon kit de bienvenue
Le bureau est chouette (on le quitte bientôt pour un plus grand) : il y a une terrasse et une grande cuisine (avec open petit-déjeuner et goûter). C'est un grand open space. Certains postes permettent de travailler debout et l'on peut remplacer son siège par de gros ballons.

Ah oui, il y a un petit élément bien américain au bureau : un family board. Je ne l'ai pas photographié mais il s'agit un grand panneau en liège sur lequel chacun est invité à accrocher des photos personnelles. Des gens ont donc mis des clichés d'eux avec leurs enfants ou leurs meilleurs amis voire d'eux petits ou des choses de cet acabit. Les français ont l'air plus méfiants car pour l'instant ils ont plutôt épinglé des images de sosies de gens de l'équipe posant pour des magazines.

Le dîner chez le CEO (mais je n'ai pas vraiment osé prendre de photos donc ça ne vous confère pas de véritable aperçu des prouesses de la corne d'abondance qu'il avait trouvée)
Hier soir j'ai été invitée à dîner chez le CEO (PDG) dans sa grande maison de Los Gatos. Nous étions une douzaine à table et c'est le CEO qui avait cuisiné tout l'après-midi des spécialités turques (environ huit grands plats). C'était délicieux et vraiment sympa. Après avoir travaillé au pays du politiquement correct chez VP (même si c'étaient les pires langues de vipère que j'aie jamais entendues siffler durant les verres après le travail), l'état d'esprit semble complètement différent ici puisque fusaient en tous sens blagues et stéréotypes auxquels tout le monde riait allègrement. L'ambiance était bon enfant et les gens qui étaient là depuis longtemps avaient l'air de très bien s'entendre.



Stanford

L'université de Stanford est située en plein cœur de la Silicon Valley et a largement contribué à la montée en puissance de celle-ci. Dans les années d'après-guerre, Terman, le dean (=le doyen) de Stanford, encouragea ses élèves et ses professeurs à créer des entreprises technologiques dans la région en facilitant l'exploitation de tous les brevets et découvertes de l'université par tous ceux qui se lanceraient dans l'aventure entrepreneuriale. Terman est souvent considéré comme le père fondateur de la Silicon Valley.

Palm Drive, la longue route bordée de palmiers qui amène à Stanford



Main squad, le principal groupe de bâtiments de Stanford


La collection de Rodin de Stanford - ici Les Bourgeois de Calais et la Porte des Enfers

Bises,

N

Et vous, c'était comment cette première semaine privés de ma lumière rayonnante ?