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Nouvelles #8 Primavera

le 30/3/2015

C'est le printemps !

Non pas que le beau temps californien se fît particulièrement attendre mais les arbres en fleurs partout ne sont pas une vision particulièrement désagréable. Pour célébrer l'équinoxe, R et moi avons révélé notre âme hippie et sommes allés composer un bouquet printanier pour se souvenir le soir en rentrant du travail qu'un monde meilleur existe.
Autre fruit de notre récolte, un soleil blond est venu resplendir sur mes jours cette semaine puisque G nous a fait la belle surprise dimanche dernier de nous annoncer son arrivée pour le lendemain midi en provenance de Mexico. C'est avec une joie immense que nous l'avons accueillie et avons par là-même eu l'occasion d'acquérir une couette magnifique remplie de plumes d'oies dans laquelle il semblerait que l'on dorme excellemment bien - aux bons entendeurs, salut.

Treasure Island

Ferry building
Enchaînée à mon bureau comme Prométhée à son rocher, je dus cependant me contenter de sa solaire présence le matin dans le train pour San Francisco et le soir après le travail.
En journée elle ne chôma pas puisqu'elle arpenta en long, en large et en travers la ville, loua un vélo, passa le Golden Gate Bridge, fit un tour à Sausalito, traversa la baie en ferry, fila avec notre voiture à Half-moon bay et fit un tour dans les collines au sud de la Silicon Valley.
Le soir, elle fut présentée comme il se doit à la grand rue de Palo Alto, au sauna, au voisin et au Dutch Goose. A SF nous fîmes ensemble la connaissance de charmants jeunes américains éméchés dans un bar avant d'aller contempler le coucher de soleil sur San Francisco, le Bay Bridge et le Golden Gate Bridge depuis Treasure Island, une île construite en 1939 en plein milieu de la baie et jouissant d'une vue spectaculaire. Nous errâmes sur l'embarcadère pour aller manger des fruits de mer et participâmes à une soirée jacuzzi/barbecue sur la terrasse du bureau d'A comme il se doit.
Ce programme complètement improvisé ne sembla pas trop lui déplaire mais l'ingrate m'abandonna quand même pour rentrer au Mexique.


Ayant repris confiance en la vie après cette semaine avec G, je poussai le vice jusqu'à rouler cinq heures en huis clos avec R. Nous finîmes par en réchapper et atteignîmes rescapés mais vivants le chalet que mon entreprise avait loué pour le weekend annuel au ski et allâmes nous relaxer au... jacuzzi (c'est une obsession ici).
Aux aurores zénithales, alors que mes collègues les moins chanceux n'avaient pas encore éclos de leurs sacs de couchage sur les canapés, nous filâmes à Squaw Valley enfiler des combinaisons et chausser des skis avant de nous élancer sur les pistes ! La neige n'ayant pas été au rendez-vous cette année et la saison étant avancée, seule la moitié du domaine était ouverte. Il n'y avait pas grand monde et, finalement, la neige n'était pas si mauvaise. Certes, le duvet floconneux était un peu épars par endroits (j'ai dû déchausser pour traverser une langue de terre en redescendant) mais il y avait de quoi s'amuser sur l'ubac.


Squaw valley et lac Tahoe
Le plus étonnant resta que malgré les multiples arbres, rochers et arbustes qui sortaient leurs têtes des glaces, les pistes n'étaient pas balisées. Tel ou tel couloir était vaguement bleu ou noir (ou diamant s'il y avait des bosses) mais somme toute on pouvait aller où l'on voulait. Rien n'était vraiment hors piste et rien n'était vraiment la piste non plus. Il fallait qu'il y ait une horrible falaise pour qu'un petit plot vous déconseille de continuer votre schuss. Nous skiâmes ainsi allègrement sans savoir jamais si nous étions en hors-piste ou pas. En ce moment, je ne pouvais pas songer ni à M.Schumacher ni aux mises en garde maternelles, mon regard se perdant sur le sublime lac Tahoe que bordait la station.
Le beau temps donna aux skieurs l'occasion de skier en petite tenue et nous ne comptions plus les filles en haut de maillot de bain et les surfeurs torse-nu. La Californie, quoi.
Le soir venu, nous nous retrouvâmes avec tous mes collègues et +1 autour d'un buffet. Je dois admettre que je n'étais pas à la fête, étant un peu éberluée en voyant mes collègues s'adonner à des parties effrénées de jeux à boire dès 20h. Le mel officiel de clôture ne retint que trois éléments dans sa synthèse : "good food, fun drinking games and great company". Je n'ai pas du tout trouvé ma place à cette soirée et me suis amusée toute seule à jouer au cambrioleur en cherchant les portes-fenêtres non-fermées et à entrer et sortir sans être vue de nos chalets.

Donner lake
Le lendemain, le réveil général ne fut pas plus matinal et nous fûmes quittes d'une petite balade sur les bords du Donner lake. Il se trouve que nous nous trouvions à un endroit mythique pour les petits américains qui apprennent au chapitre de la conquête de l'ouest une affaire délectable. Alors que les pionniers mettaient plusieurs mois pour traverser les Etats-Unis d'est en ouest, certains se trouvaient bloqués par l'hiver arrivés dans la Sierra Nevada. Tel fut le cas de l'expédition Donner qui comptait quatre-vingt-dix aventuriers. Affamés, malades, à bout de force, une partie s'arrêta en plein mois de décembre sur la rive du lac et l'autre poursuivit la marche pour trouver de l'aide. Des quinze hommes qui continuèrent le périple, sept furent rescapés un mois plus tard après avoir été contraints de manger leurs camarades décédés pour survivre. De même, lorsque les secours vinrent en plusieurs expéditions évacuer le campement du lac, on s'aperçut que des cadavres avaient disparu. R remarqua avec inquiétude que l'endroit se prêtait mal pour renforcer l'esprit d'équipe.

Ne pouvant demeurer loin de mes collègues plus longtemps, je les retrouvai dès le lendemain dans un cadre plus professionnel. Ce ne fut, hélas, que pour apprendre que l’israélienne - qui avait rejoint notre équipe trois semaines après moi - démissionnait. Bref, me voici redevenue la nouvelle de l'équipe.
Pâques approche à grands pas et les supermarchés du coin débordent d'œufs en plastiques et de peluches de lapin fluorescentes. J'ai pour ma part eu la joie de constater que les cloches étaient passées un peu tôt cette année puisque j'ai reçu une corne d'abondance par la poste.

Je vous rappelle que notre humble auberge vous est ouverte et que le menu de son restaurant vient de s'incrémenter d'un mi-cuit grâce aux importations de chocolat européen. Nous avons également eu notre première revue par notre hôte, en espérant qu'elle vous incitera à venir séjourner dans notre coin reculé.

"Charmant chalet logé au creux de la forêt dans une valley très high tech. N et R ont été des hôtes géniaux, ils n'ont pas manqué une occasion de rendre mon séjour inoubliable. Bref, je recommande vivement ce logement (surtout n'oubliez pas de profiter du sauna)... J'y reviendrai même !"
G, Mexico