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Nouvelles #10 New York !

le 18/4/2015

Mes amis, cette semaine je vous embarque pour la côte est !

Columbia University campus
M - encore une expatriée mexicaine ! - et moi avons rendu visite pendant quatre jours à New York à notre amie H. Cette dernière a été invitée un trimestre par l'université de Columbia pour faire avancer sa thèse doctorale sur... euh... un peu toute l'encyclopédie à vrai dire : les bruits marins, le développement durable, la performativité (le fait de produire l'action décrite en l'énonçant. ex: un maire qui prononce mariés un homme et une femme réalise par cette déclaration l'action dont il parle), etc.

Adieu donc le doux ciel de Californie, adieu les arbres en fleurs, adieu la chaleur et bonjour, mon manteau de laine que j'ai été si inspirée d'importer de France avec moi. Le printemps arrive juste à New York et tous les arbres dépourvus de la moindre feuille revêtent encore leur tristesse hivernale. S'il a fait froid et gris le vendredi et le mardi, nous avons tout de même profité d'une excellente météo durant le weekend.

Pour l'Histoire, la baie de l'Hudson a été découverte en 1524 par un italien pour le compte de François Ier et baptisée la Nouvelle Angoulême. Sans qu'il y ait jamais de colonie, le territoire a porté ce nom jusqu'à l'arrivée un siècle plus tard en 1609 de l'explorateur britannique Henry Hudson pour le compte des hollandais qui y établirent une trentaine de familles européennes. Alors racheté aux Lénapes - la tribu indienne locale - pour $24 d'après la légende, l'île prit le nom de Nouvelle Amsterdam. Quarante ans plus tard les Anglais firent main basse sur la ville qu'ils renommèrent Nouvelle York et qu'ils conservèrent jusqu'à la toute fin de la guerre d'indépendance, en 1783. Elle fut brièvement, de 1785 à 1790 capitale des Etats-Unis et est restée depuis la plus importante ville du pays en terme de population.
Les Etats-Unis sont gigantesques et 4 500km séparent San Francisco de NY (soit un dixième de la circonférence de la Terre). J'ai donc passé une petite nuit de cinq heures dans l'avion, ai cueilli M à JFK, ai sauté dans un de ces fameux medallion taxis jaune canari et suis descendue au croisement de la 5ème avenue et la 18ème rue pour aller... au bureau. Oui, pas de breakfast at Tiffany's pour moi : ce weekend était prévu de longue date mais je dois admettre qu'il tombait plutôt mal compte tenu de la charge de travail qui pesait sur mes épaules (j'ai désormais six clients et travaille sur plusieurs projets internes dont un très intéressant de diagnostic pour identifier quelles campagnes marketing de notre produit recommander aux clients). Je suis donc allée écoper un peu d'eau le vendredi et le lundi à notre bureau de New York, histoire que mon bateau ne sombre pas durant le weekend.

Le bureau et la vue sur l'Empire State Building depuis le toit
L'équipe de New York ne compte que trois ou quatre vendeurs mais cette petitesse leur donne l'occasion d'avoir de super locaux. L'entreprise loue une pièce dans un espace partagé pour startups au dernier étage d'un immeuble en plein cœur de Manhattan avec des parties communes très sympas. J'ai pendant deux jours ainsi pu jouer la petite working woman new-yorkaise en prenant mes salades sur la 5ème avenue et mon café sur le rooftop du bureau.
Mon échappée sur l'east coast m'a permis de revoir B et D, MC, N et bien sûr H et MBM. Quel plaisir était-ce que de revoir ces visages connus si loin du berceau de notre amitié !

Au demeurant, H nous avait concocté un bon programme qui nous a permis d' écumer la ville comme il se doit :

MoMA
Vendredi soir : visite du MoMa et dîner dans un club de jazz

Brooklyn et Williamsburgh Bridge


East Village


Tous les newyorkais étaient de sortie à Central Park ce weekend pour profiter des premiers rayons de printemps


Café-concert
Samedi : croisière sur l'Hudson, déjeuner à Brooklyn, traversée du Williamsburgh Bridge, balade dans l'East Village, traversée de Central Park dans tout son long, café-concert dans la crypte d'une église sur le campus de la Columbia

Time Square


High Line


Metropolitan Museum

Collection égyptienne du MET

Reconstitutions d'intérieurs français, viennois, italiens au MET


Washington Park Arch
Dimanche : messe dans une église de Harlem, brunch à Harlem, visite du Metropolitan Museum, promenade plantée de la High Line, marche jusqu'au Washington Square Park au bas de la 5ème avenue.

L'intérieur de l'église et les chaussures des fidèles dans la file d'attente
La messe baptiste dans une des plus grandes églises de Harlem était incroyable. D'abord il y a avait la foule : que des noirs tandis que les touristes étaient tous blancs (nous avons pu nous asseoir avec les fidèles et pas avec les touristes qui étaient relégués au fond du balcon supérieur en ce qui nous concerne). Les gens avaient clairement fait un effort vestimentaire : les femmes arboraient toutes des talons interminables avec plateformes, des mini-robes moulantes, des paillettes, des faux-cils, etc. L'église ressemblait à une salle de spectacle avec une grande estrade, un balcon et des fauteuils de théâtre. Tout a commencé par une pasteur (il n'y avait que des femmes qui ont prêché ce jour-là) qui scandait au micro "God, we love you. God, if you can hear us, we love you, we love you, we love you!". Quelques personnes étaient debout et levaient leurs mains. Il y eut du gospel (malheureusement nous avons eu la chorale des enfants ce jour-là mais c'était chouette quand même et les musiciens étaient très bons) puis le moment du sermon est arrivé.
Une autre pasteur en jean et talons vertigineux l'a donné sans faire de lecture. C'était intéressant mais ça manquait un peu de recul. Tous les fidèles ont sorti un papier et un crayon pour prendre des notes. Ils étaient passionnés et criaient "Yeahhh" toutes les cinq minutes pour marquer leur approbation, parfois fusaient des "That's true ! I agree !" ou partait une salve d'applaudissement comme dans un one-man show. C'était vraiment comique mais c'était une chouette expérience. Contrairement aux formes modernes des religions monothéistes classiques où la croyance en dieu est certes une émotion mais où l'accent est plutôt mis sur la réflexion et l'intériorisation, cette cérémonie m'a vraiment donné l'impression d'assister à une forme archaïque de vénération. Les fidèles étaient tous dans le ressenti, voire dans la transe. C'était aussi une cérémonie plus épurée : il n'y avait pas de temps de sanctification, l'Ostie et le vin venaient en unidoses sous plastique distribuées dans des paniers que les gens se faisaient passer. A la fin, la ministre appelait les gens qui venaient pour la première fois à venir se convertir pour entrer dans la communauté - durant notre messe il n'y en eu qu'un mais H m'a dit qu'elle avait vu une dizaine de gens une fois. La cérémonie est tellement prenante et l'impression d'osmose avec la communauté est forte, d'où je pense le fort attrait des gens pour y appartenir sur le moment. Tout le monde se lève alors et tend sa main pour bénir le nouveau fidèle ("We love you"). Après les gens vont bruncher.
Dans le métro, j'ai aussi vu des chorales de chanteurs religieux (tous blancs ceux-là et avec des jupes longues de grands-mères) qui avaient des panneaux "Free Bible" ou "Judgement is coming!" pour attirer des fidèles. La religion, c'est tout dans le marketing ici.
Grâce aux longues balades et déambulations pour rejoindre ces différents quartiers, nous avons pu nous imprégner de New York. Première impression : c'est bien moche et c'est bien sale. Toutefois, s'en dégage une véritable atmosphère et l'architecture est remarquable. Autre constat : Manhattan est exactement comme montrée dans les films. Je ne pouvais pas distinguer d'endroits en particulier vus au cinéma et cependant l'ambiance et la disposition générale (les escaliers de secours, les fumées qui s'échappent de partout, les bouches d'incendie, les immeubles, etc.) rappellent ces innombrables scènes où les protagonistes hèlent un taxi jaune, traversent la rue avec des dizaines d'autres gens, se baladent avec un American coffee à la main et, plus souvent, courent dans les rues à l'annonce d'un danger imminent genre vague géante ou extraterrestre dans le ciel décapitant l'Empire State Building.

Contrairement à ce que l'on voit en Californie, où les maisons sont faites en papier mâché et où ce qui a plus de trente ans est considéré comme vieux, est rasé puis reconstruit à neuf, New-York manque étonnamment de réfection. Elle m'a laissé l'impression d'être une ville marron. Les bâtiments sont très vieillots et ont cette couleur et cette forme que l'on voit dans les vieilles villes industrielles. On pourrait s'attendre à ce que des promoteurs achètent et rasent pour faire pousser un immeuble de verre flambant neuf mais pas du tout. $1,4m par pièce parait-il sur l'Upper West Side ! Taylor Swift - ambassadrice culturelle de la ville de New York soit dit en passant - a déboursé $20m l'an dernier pour deux appartements dont l'apparence extérieure - un vulgaire rectangle marron - ne laisse pourtant pas rêveur.

Le métro et l'élégance pédestre américaine
L'expérience new-yorkaise laisserait dûment un goût d'inachevé si nous ne parlions pas du métro. Hormis le fait qu'il ne soit pas des plus reluisants - loin s'en faut - il me faut vous raconter comment il m'a rendue folle et m'a fait, en moins de douze heures sur la côte est, sauter le portillon comme la dernière des resquilleuses. Il faut savoir ce que le touriste lambda ne sait pas : sur un même quai vont passer plusieurs lignes, chacune peut avoir dans une même direction différents terminus et chacune peut se décliner en ligne normale ou express (autant vous dire que quand je suis montée dans l'express sans le savoir pour aller prendre mon avion mardi matin, je suis arrivée en sueur à mon siège dans le Boeing). Evidemment, rares sont les stations qui annoncent les prochains trains, il vous faut donc attraper l'information au passage du train, laquelle n'est pas toujours visible. Pour couronner le tout, avant même de choisir laquelle de ces rames va vous mener à une errance souterraine sans fin, il vous faudra trouver la bonne entrée ! Oui, plusieurs stations ont des quais qui ne communiquent pas donc si vous n'avez pas pris l'entrée qui va au bon quai, il faut ressortir, traverser la rue et repayer $3. Quand ça m'est arrivé (après avoir tourné en rond sans comprendre pendant 15min) il n'y avait pas de petit guichetier auquel expliquer que je m'étais trompée d'entrée. Bref, j'ai resquillé (mais j'avais un ticket valable). Je pense qu'il faut se faire avoir une ou deux fois par ce métro, après quoi vous aurez conditionné un état pavlovien de qui-vive de l'extrême pour toutes les fois où vous apercevrez une bouche de métropolitain.
D'autres moyens de transport plus agréables, induiront bien moins de stress dans votre nouvelle vie newyorkaise. Durant notre croisière sur l'Hudson, les petites Bardamu que nous étions découvrîmes cette fameuse ville debout. Comme toute bonne métropole américaine, New York est un quadrillage parfait et offre ainsi des perspectives incroyables lorsque l'on se trouve dans le parfait alignement. En descendant l'Hudson, nous arrivâmes au quartier financier de Manhattan avec ses gratte-ciel interminables qui reléguaient leurs immeubles de voisins d'à peine vingt étages au rang de petite cabane minable. Le 1 World Trade Center les dominait tous du haut de ses 1 776 pieds (un demi-kilomètre), un chiffre symbolique, celui de la date de la déclaration d'indépendance des Etats-Unis.
Réminiscence des sombres heures passées à faire des mots croisés en cours d'anglais, Ellis Island et son magnifique bâtiment principal se dessinèrent au loin. Alors, ils nous revinrent tous en mémoire, ces irlandais faméliques et leurs pommes de terre, ces histoires de quarantaine et de diagnostics médicaux inscrits à la craie sur les migrants.
Nous voilà sorties dans l'embouchure du fleuve, nous avons laissé l'île de Manhattan se profiler derrière nous doucement et l'océan s'offre devant nous comme une étendue interminable avant l'Europe. Ne manquerait-il pas quelqu'un à l'appel ? Retournons-nous, elle est là. Elle se dresse devant nous, prête à nous accueillir après ces semaines passées sur l'eau à fuir la misère et la pauvreté. La Liberté éclairant le Monde, le chef d'œuvre de Bartholdi, Eiffel et Viollet-le-duc, m'apparait enfin. Depuis 1886 qu'elle m'attendait.

La Liberté guidant le Peuple à Paris durant sa construction
XoXo,

GG

PS: N'oubliez pas non plus de tenter votre bonne fortune au Quizz pour ceux qui ne l'ont pas déjà fait !