Curiosix Une parisienne parmi les paulistes

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Oi ! Tudo bem ?

le 7 août 2012


Un peu d’actualité pour commencer. En ce moment, se déroule un procès historique au Brésil. Non seulement il s’agit du jugement de la plus grosse affaire de corruption à laquelle le pays ait été confronté, mais c’est surtout l’effondrement d’un mythe, celui du PT. Le PT, ou partido dos trabalhadores, est le parti qui a émergé dans les années 1980 face à la dictature militaire. C’était un parti démocratique et socialiste qui se battait pour la justice sociale et la transparence. Pour nombre de brésiliens, appartenir au PT était un rêve. Un rêve dirigé par un certain Luis Ignacio Lula da Silva, qui deviendrait président du Brésil de 2003 à 2011. Alors le choc fut grand lorsque l’on apprit que l’argent public (on parle de grosses sommes) servait à payer les parlementaires pour qu’ils votent les lois proposées par le gouvernement. Et tous les dirigeants de l’ère Lula ou presque étaient dans le coup. De ce procès va d’ailleurs dépendre le choix du candidat PT à la prochaine élection présidentielle : Dilma Rousseff veut concourir à sa réélection mais Lula dispose toujours d’une popularité incroyable. L’issue de ce procès est donc déterminante pour Lula, surtout que Mme Rousseff n’est pas concernée par ce scandale. Quoi qu’il en soit, il va être difficile au PT de se maintenir au pouvoir 2014 maintenant.

Sinon, samedi, lorsque nous nous baladions dans le parc d’Ibirapuera avec H. et N., nous avons remarqué un aspect important de l’homo brésilicus : le culte du corps et du torse-nu. Le week-end, tous les paulistanos (les personnes originaires de la ville de Sao Paulo alors que les paulistas sont seulement originaires de l’Etat de Sao Paulo) sont en tenue de sport. Pas d’exception. Et dès que l’on passe les grilles du parc Ibirapuera bondé de joggers, cyclistes, skateurs et marcheurs, plus un seul homme n’a de t-shirt. Pour des européens, la scène est complètement ridicule : ça roule des pectoraux de partout. Ils sont tous parfaitement bodybuildés et épilés. Pour ne pas choquer les meilleurs d’entre nous je mettrai juste une photo de coucher de soleil sur le parc depuis le petit pont.

Les Brésiliens pratiquent des sports beaucoup plus originaux aussi à Ibirapuera. Le combat à l’épée en bois et au bouclier, par exemple ? Oui oui oui, tout à fait. Deux équipes de quatre s’affrontent en matches de cinq minutes (le temps de toucher tous les membres de l’équipe adverse). Apparemment, ça va un peu plus loin que ça car il existe de véritables confréries qui apprennent à mannier tout un tas d’armes médiévales et qui ont des programmes d’entrainement qui relèvent du calvaire. Je ne vais pas faire ma mauvaise langue : le paulistano normal ne fait pas ça. Il préfère être torse-nu, lui.

J’ai découvert un nouveau quartier : Vila Madalena. C’est l’Endroit pour sortir prendre un verre. Ici, aucun building mais plein de petites maisons qui ont toutes des bars au rez-de-chaussée. C’est incroyablement vivant comme endroit ; on n’y voit que des étudiants un verre de Caipirinhia dans la main, un pastel (voir post prédédent) dans l’autre avant d’aller danser la samba à O do Borogodo.

Je suis retournée dans le quartier japonais, Liberdade, car s’y tient tous les dimanches une sorte de marché où l’on peut goûter tout plein de spécialités nippones. J’ai remarqué que les seules maisons cliché étaient un McDonald et une banque brésilienne, Bradesco. Essayez de faire moins local…
Dans le genre marque occidentale qui essaie de se fondre dans une autre culture, nous avons Fanta aussi qui propose un goût maracuja (fruit de la passion).
Ou Nina qui s’est acheté ses premières Havaianas (un must).

Avant de me transformer totalement en pauliste, je vais vous raconter mes petites impressions quotidiennes pour vous plonger dans l’atmosphère de SP.

D’abord, ils aiment le futebol. Même les écoles ferment quand il y match. Les élections sont en général organisées la même année que la coupe du monde pour bénéficier du regain nationaliste.

Vers midi, les rues se mettent à sentir la friture. Ici il n’y a pas encore de restaurants diététiques, mais de nombreux fast food et lanchonetes qui font de la restauration rapide aussi brésilienne (donc beaucoup de fritures, des coxinhas). D’ailleurs le végétarisme ce n’est pas trop dans les moeurs : les exportations de viande du Brésil représentent 30% du marché mondial ! Il existe une chaîne de « boucheries » (la viande n’y est pas à la découpe), Carnes parisiene, où la viande est proposée par lots monstrueux (un ou plusieurs kilos d’un coup). Surtout, ce n’est pas cher du tout.

On voit de longues files de gens devant la loteria mais ça n’a aucune commune mesure avec les centaines de gens qui attendaient pour acheter un billet qui allait peut-être changer leur vie sur la Puerta del Sol à Madrid. La misère est partout dans la ville mais elle s’y confond. Les clochards se ressemblent tous et marchent parmi la foule, les pieds nus, crasseux, les yeux explosés, les cheveux hirsutes et portant toujours la même couverture grise, passant incognitos.

Petite spécificité brésilienne : le CPF (cadastro de pessoas fisicas). Chaque brésilien se voit attribuer son numéro propre à sa majorité. Ce précieux matricule est le césame qui permet à quelqu’un d’acheter une maison, une voiture, des actions mais aussi d’acheter quelque chose sur internet. Toutes les transactions qu’une personne a faites sont donc enregistrées quelque part et chaque individu conserve son numéro à vie. Pour les étrangers c’est un peu calvaire car sans CPF on ne peut pas ouvrir de compte bancaire au Brésil. Et surtout, on ne peut pas avoir de numéro de téléphone (même les cartes prépayées). Voilà un bon exemple de lenteur administrative.

Acheter une carte SIM a donc été une vraie partie de plaisir entre le fait que plus de la moitié des opérateurs soit bloquée par le gouvernement, qu’il faut absolument un CPF et que personne ne parle anglais ici. On notera que le Brésil compte plus d’appareils mobiles que d’habitants, ceci s’explique simplement par le fait que les opérateurs mobiles offrent systématiquement de nouveaux téléphones dès que l’on touche à son abonnement. En outre, le réseau de cabines téléphoniques, orelhão (« grande oreille »), est plutôt bien développé (on s’en rend compte facilement car toutes les cabines sont peintes bizarrement).

J’aimerais faire remarquer que SP est une ville entièrement en pentes et en collines abruptes. On s’y fait donc bien les muscles. Ils sont en train d’installer des Bike Sampa, les vélibs paulistes, on verra bien ce que ça donnera. En attendant, pour les cyclistes, le principal obstacle n’est pas tant le terrain que les automobilistes et les motards.

Une petite photo de ma chambre. On remarquera le Monde Diplomatique (en portugais) et le mignon petit balcon. Celui-ci alterne, comme toute la ville, entre ombre et soleil à cause du nombre de gratte-ciel et parce que le soleil est bas sur l’horizon en cet hiver brésilien.

Après avoir déjeuné avec ma buddy franco-brésilienne, N., nous nous sommes posées dans les moelleux canapés du foyer (le D.A.) pour regarder le match de volleyball féminin Brésil-Russie (oui, à la GV il y a des écrans géants pour les élèves et c’est super cosy). Voyez-vous, autant en France on n’a jamais entendu parler de volley, autant au Brésil la finale du 100m ils s’en foutent complètement. Les équipes féminine et masculine sont tenantes du titre olympique en volley et sont hyper connues ici (on parle bien de volley et PAS de beach volley !). Le match était impressionnant : six balles de match à la défaveur des brésiliennes, et la septième fut victorieuse pour le Brésil qui se qualifie pour une demi-finale facile contre le Japon. Tenus en haleine, tous les élèves ont explosé en cris à l’annonce de la victoire. Le volley, un sport qui déchaine les passions outre-atlantique (si, si, si). Un autre sport dont je n’avais jamais entendu parler et qui est très suivi ici : The Ultimate Fight (je crois que c’est le nom du championnat, le nom du sport c’est « tous les coups sont permis »).

J’allais presqu’oublier : j’ai commencé les cours.