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Nouvelles #20 Happy Halloween !

le 07/11/2015

Chers lecteurs,
Voyageant dans le sillage de John Smith, nous avons abordé la Virginie, Etat éminemment historique puisque s'y établit la première véritable colonie, à Jamestown en 1607 (baptisée ainsi en l'honneur de James 1er d'Angleterre). Bien que sudiste et nommé d'après la reine vierge, Elisabeth I, c'est l'Etat qui donna aux Etats-Unis son plus grand nombre de présidents, au rang desquels les pères fondateurs Washington et Jefferson.
Pourtant ce n'était pas pour visiter First Landing, la plage où amarrèrent les premiers navires britanniques, que nous abordâmes ce légendaire rivage. Non, c'était pour visiter mes petits Powhatans de neveux et leur voler des bonbons d'Halloween.

Nul repos à glaner après notre nuit blanche dans l'avion (il faut bien six heures pour joindre la côte ouest à la côte est !) : nous célébrions l'anniversaire surprise 4.0 de mon beau-frère N le soir-même avec ses amis. Etonnamment N ne se douta de rien et la surprise fut totale en dépit de nombreux faux-pas - à commencer par le fait que R dût lui emprunter une tenue de soirée puisqu'en bon ingénieur il ne compte en sa garde-robe que des tennis et des jeans.

Ce ne fut que sur les coups de 15h que nous émergeâmes le lendemain. Juste à temps pour... creuser les citrouilles !

Nos super citrouilles avec Patoune le chat
Le voisinage où réside ma famille est très prisé pour Halloween. De 17h à 20h, le quartier est bouclé par des agents de la police municipale et interdit aux voitures. Des habitants de quartiers moins huppés s'y rendent spécialement pour profiter des décorations et de la distribution pléthorique de bonbons. Du coup, c'est la cohue.

Nous avons distribué 826 confiseries à raison d'une par enfant et avons été à court au bout de deux heures ! En bonne inculte, j'ai commencé par essayer de terroriser les enfants en répondant au fameux "Trick or Treat" (= une farce ou des bonbons) en leur disant que je préférais un "trick". Malheureusement, les enfants qui énonçaient encore la phrase (la plupart disaient juste "Candy!") me regardaient tous avec des yeux écarquillés, l'air de se demander "Mais qui est cette folle qui ne me sourit pas en me donnant des bonbons ?"). J'ai déclaré forfait et ai juste laissé toute cette marmaille se jeter sur les sucreries en me contentant d'adresser aux parents un mielleux "Happy Halloween".
Vous aurez aisément deviné que la partie la plus amusante fut d'aller glaner des friandises avec les enfants et admirer les décorations. Malgré le fait que ma famille s'était donné un peu de mal pour décorer la maison et que nous étions si fiers de nos citrouilles sculptées, il fallut bien se rendre à l'évidence que nous étions des petits joueurs. Certains avaient vu les choses en grand en transformant leurs jardins en véritables cimetières avec des jets de fumée et des cadavres pendus aux arbres.
Lorsque nous touchâmes à la dernière demi-heure des festivités, presque tous les riverains avaient éteint leurs porches, synonyme de la pénurie de confiseries qui frappait le quartier. Les quelques maisonnées dont les chaudrons recelaient encore de merveilles furent assaillis par des essaims de marmots affamés, malgré leurs seaux déjà débordants. Finalement, la horde de moutards se retira pour aller compter son butin, replongeant le quartier dans sa tranquillité après cet impressionnant pillage.

C'était drôlement amusant.
Le dimanche nous assistâmes à une messe avec un prêtre québécois dans la grande base militaire de la Navy et de l'Otan, déjeunâmes dans un restaurant de pêcheurs en regardant de jolis pavillons émerger de la brume de l'estuaire et finîmes sur la plage à observer des dauphins et ramasser des coquillages avant que la pluie ne nous rattrapât. J'ai trouvé beaucoup de charme à la Virginie avec ses belles demeures en briques rouges, ses grandes pelouses et son feuillage mordoré. Lorsque R et moi sortîmes de l'aéroport, nous étions époustouflés par tant de verdure et ne cessions de nous exclamer à la plus grande surprise de mon hôte devant une nature si luxuriante. Avec la sécheresse californienne, il nous semblait être dans une oasis et un parfum baudelairien exhalait de ce paysage.
Quitte à plonger dans le bain américain, faisons bien les choses et poursuivons l'immersion. Nous avons assisté à un match du tournoi universitaire de football américain. Ne tentez pas de vous souvenir d'un quelconque match de rugby ou de football de votre université auquel vous auriez pu vous retrouver par la plus grande inadvertance. Aussi fort que je puisse me le rappeler, je n'ai jamais vu guère plus qu'une poignée de désœuvrés assister aux matches sur les pelouses de Jouy ou de Bagatelle. Le Stanford Stadium lui ne compte pas moins de... 50 000 places ! C'est plus de la moitié de la capacité du Stade de France ! Ce n'est pas tout, le match est retransmis sur la télévision nationale (et pourtant les équipes de Stanford et de l'université de Washington ne figurent pas parmi les meilleures) !
J'avais ébauché les règles dans mon premier billet mais ce qu'il faut retenir est que ce sport n'est pas des plus palpitants. C'est très technique et stratégique mais les actions ne durent que 10 secondes chacune. Les joueurs ne donnent l'impression que d'être des pions placés ça et là par le staff. Chaque joueur a un rôle précis et ne passe que très peu de temps sur le terrain. L'équipe de Stanford était composée de cent (100!!!) joueurs ainsi qu'une vingtaine d'entraineurs et de coaches ! Les joueurs jouent tellement peu qu'ils ne s'échauffent même pas. Ils sont juste assis sur des bancs à boire du café et des boissons énergisantes pour remplacer l'échauffement tout en tournant le dos au match !

Le public n'est pas plus fervent d'ailleurs que les joueurs. En réalité, certaines personnes ne vont aux matches que pour le tailgate qui consiste, de façon tout à fait paradoxale, à ne PAS assister au match. A la mi-temps tout le monde sort du stade et va aux parkings pour faire tailgate. C'est à dire qu'ils se retrouvent entre amis ou en famille pour boire de la bière à côté de leur voiture. Cela peut-être plus ou moins élaboré. Par exemple, nous avons été invités à un tailgate assez sommaire où nos hôtes avaient une glacière dans leur voiture avec des boissons et nous sommes restés debout à parler. En face de nous, c'était beaucoup plus organisé : ils avaient des guirlandes de lumière avec une boule à facette, des braseros, des tables avec de la nourriture. Dans l'après-midi (c'est à dire quatre heures avant le match), nous avions déjà vu se mettre en place des familles autour de leurs voitures avec des barbecues, des chaises et des jeux pour les enfants. La plupart ont même une télévision dans le coffre ouvert de leur voiture pour suivre le match. Car oui, le match continue dans le stade à deux pas mais peu y retournent. Pour notre part, nous avons faussé compagnie à nos hôtes et avons pu nous replacer au premier rang déserté pour voir la fin du match.

Les tailgates
N'étant pas des saints, nous avons nous-mêmes écumé quelques débits de boisson, dont le typique et amusant Nut House au sol entièrement recouvert de coquilles de cacahuètes. Valant le détour également, la Church of 8 Wheels qui est une ancienne église (qui sera bientôt démolie pour construire un immeuble) dans la nef de laquelle, les adeptes des patins à roulettes bien rétros se délectent.

Les garçons stratégisent au billard (H, R et notre voisin M)


La Church of 8 Wheels


Le déjeuner d'équipe du jeudi
L'automne se fait sentir et le froid s'instille dans la maison et au bureau. Il est l'heure de vous tirer ma révérence. Portez-vous bien !