Curiosix Une parisienne parmi les paulistes

Sommaire

Independência do Brasil

le 8 septembre 2012

En ce vendredi 7 septembre, le Brésil célèbre son indépendance.

Chassée du Portugal par notre bienaimé Napoléon, la Cour portugaise s’exile au Brésil en 1808 et modifie, en 1815, le statut de la colonie pour en faire le Royaume-Uni du Portugal. Lorsqu’il rentre à Lisbonne en 1821, Jean VI laisse derrière lui son fils Pedro pour régent du Brésil. Défendant le retour au statut de colonie, la noblesse portugaise réclame la démission de Pedro mais ce dernier refuse et proclame en 1822 l’indépendance du Brésil, on lui prête alors la phrase « Independência ou Morte« . Ce trait d’esprit masculin est néanmoins inspiré par sa femme, Marie-Léopoldine d’Autriche, qui le lui conseilla et lui dit par la même occasion « O pomo está maduro, colhe-o já, senão apodrece » (le fruit est mûr, il est temps de récolter ou il pourrira). La même année Pedro fut nommé empereur constitutionnel à Rio de Janeiro. Son bras de fer avec le parlement le poussa néanmoins à céder son trône en 1831 à son fils, âgé alors de cinq ans.
Deux siècles plus tard, le Brésil vit sa construction parachevée et les élèves du cours de Development & Sustainability de la Fundação Getulio Vargas eurent l’opportunité d’aller visiter trois entreprises brésiliennes œuvrant dans le domaine du recyclage. Nous commençâmes par la Cooperative Vira Lata qui compte une soixantaine d’employés et qui, littéralement, trie les poubelles. Les déchets sont apportés à la coopérative soit par les camions qui font le tour des entreprises partenaires se délestant de leurs ordures soit par les catadores (qui ramassent les détritus). Ils sont ensuite triés par les employés de l’usine puis compressés en blocs avant d’être distribués à des firmes à même d’effectuer le recyclage de ces blocs de plastique/carton/TetraPak… Ce type de coopérative tient un rôle important dans la communauté : implantée dans une favela, elle permet d’apporter de l’emploi et de former les habitants. En effet, l’unique salle de travail faisait également office de salle de classe avec quelques ordinateurs sur lesquels les employés sont formés aux outils basiques de bureautique pour pouvoir aller chercher un meilleur travail. A l’instar de la compagnie qui se veut très familiale, les cours sont ouverts aux enfants des salariés.

Les produits triés sont ensuite acheminés vers des entreprises telles que Suzano Pulp and Paper qui va réussir à scinder le plastique de l’aluminium des emballages TetraPak et réutiliser ses composants pour réaliser d’autres matériaux. Pour visiter l’entreprise nous avons donc dû nous munir de chaussures spéciales, de filets à cheveux, de lunettes, de casques et d’une sorte de talkie-walkie pour communiquer (le bruit des machines étant assourdissant). Suzano est une énorme entité qui a réalisé, en 2010, 4,5 milliards de reais de chiffre d’affaire. Le carton recyclé a de l’avenir ! Fiers de leur entreprise, nos interlocuteurs nous ont d’ailleurs gentiment offert à tous le rapport annuel de la firme ainsi que des boîtes de pansements en matériaux recyclés.
Nous avons finalement fait le tour de Ciclo, qui emploie une trentaine de personnes, et qui conçoit un produit qui connait un énorme succès : des tôles en TetraPak. Au lieu de désassembler les constituants des cartons TetraPak via un procédé coûteux, Ciclo, utilise les propriétés isolantes et résistantes de ce matériau et, à partir des déchets triés par une coopérative telle Vira Lata, fabrique des tôles pour toitures entièrement constituées de cette matière. A en croire le patron de l’usine, les marges sont excellentes. Il a d’ailleurs offert un petit souvenir à chacun d’entre nous.
Sortons des banlieues de São Paulo pour parler d’un vernissage au musée de l’art sacré auquel j’ai pu prendre part grâce à C. Une poignée d’artistes avait le privilège de pouvoir réaliser des installations au milieu des chérubins, des calices et des prie-Dieu. Les convives étaient invités à déambuler dans les galeries encerclant le cloître où était servi le cocktail. Rythmée de représentations plutôt mystiques, l’exposition ne procurait pourtant pas l’occasion d’une véritable réflexion autour du travail des artistes, atterris là un peu par hasard.
D’un point de vue culturel, j’ai aussi fait le tour d’une petite exposition sur Asger Jorn, un peintre danois dont le travail n’était pas franchement extraordinaire. Cependant l’Instituto Tomie Ohtake donnait à voir quelques autres expos dont une sur les maquettes de buildings modernes qui était plutôt jolie.
Ce fut toutefois l’occasion d’aller à nouveau sur la Faria Lima puis de s’installer dans un bar à Vila Madalena pour regarder le match Brésil-Afrique du sud, remporté sans panache par les brésiliens, sur un but de Hulk (un nom pareil ne s’invente pas). De l’avis de mes amis qui assistèrent au match, l’équipe nationale déchaîne bien moins les passions que les équipes locales, comme lors du match derby auquel j’avais assisté, il y a deux posts.
Restons plébéiens, j’ai finalement découvert ce qu’était le Sertanejo. Initialement musique des campagnes, l’apparition du sertanejo universitário au milieu des années 2000 a complètement modernisé l’image de ce genre musical qui connait désormais un très fort engouement auprès des jeunes. Les chansons sont simples mais les paroles drôles et la musique entraînante. Le courant tend parfois à se rapprocher de la pop avec des morceaux comme Ai se eu te pego, l’énorme succès de Michel Telo (honni des passionnés à présent à cause de son côté commercial). On se rend plutôt bien compte du côté populaire de cette musique en regardant les clips officiels de ces chansons qui sont quasi-exclusivement tournés lors de concerts de taille modeste et qui ne contrastent que trop bien avec les clips surfaits des rappeurs américains roulant en Benz, des filles, prêtes à éclater en un nuage de silicone, se trémoussant dans leur jacuzzi.

Nous avons pu découvrir cette musique au bar du Jockey club auquel ma buddy nous emmenées et qui surplombe l’hippodrome de São Paulo, dans le quartier du Morumbi. C’est l’occasion pour moi de parler un peu de la conduite à SP. Je n’ai pas eu tant de fois que cela l’occasion de monter en voiture ou en taxi mais j’ai remarqué trois faits basiques mais alarmants : les brésiliens ne portent pas la ceinture de sécurité (dans certains taxis il n’y en a même pas parfois), les brésiliens téléphonent au volant bien que cela soit, comme en France, interdit, et les brésiliens zigzaguent entre les différentes files sans jamais mettre leurs clignotants.
Je finis en remarquant qu’au Brésil, les personnes à mobilité réduite sont plutôt bien traitées puisqu’elles disposent de caisses dédiées dans le moindre supermarché, dans les transports… Petit fait étonnant, le panneau les signalisant dans les bus s’adresse en tout premier aux obèses !