Second billet


你好,

Pleine lune oblige, aujourd'hui s'achèvent les deux semaines de célébrations de la nouvelle année chinoise (année du serpent). En ce dernier jour se déroule la fête des lanternes durant laquelle les gens liquident leur stock de feux d'artifice. Mais au pays des artificiers, point de pétards. Ce sont de véritables gerbes multicolores qui explosent incessamment dans le ciel autour de vous. Traditionnellement des lanternes rouges en papier sont aussi allumées et s'envolent dans le ciel. Somptueux, penserez-vous sûrement. Malheureusement la fête n'est pas si folle ; le nouvel an étant avant tout une fête que l'on passe en famille, il n'y a pas de grand rassemblement et les parents donnent à présent des lumières en plastique à piles à leurs enfants. Nous parvînmes toutefois à assister au lancer de deux lanternes dont l'une s'enfuit dans la nuit avant qu'un policier hargneux ne vienne déchirer la seconde. Tous ces feux simulent un incendie qui ravagerait la ville et qui détournerait le méchant (dont la nature dépend des légendes) de son but d'anéantir la ville, croyant sa besogne déjà accomplie.
Je me suis acheté ma première bicyclette - qui risque de bientôt se faire voler - pour 260 yuan (31€ ;) ). Sur le campus c'est l'accessoire primordial : il est plus normal d'être à vélo qu'à pied. Avec 30 000 étudiants, vous imaginez les milliers de petites reines à garer et la tête des cycloparkings que l'on trouve absolument partout. Pour parfaire ma métamorphose en étudiante stéréotypée, j'ai profité de mon week-end pour découvrir les bars locaux dans le quartier moderne (et coréen) de Wudaokou où tous les internationaux sortent quand ils ont la flemme de prendre le métro (le lieu de sortie des élèves chinois, lui, s'appelle la bibliothèque).


J'ai également visité le second plus grand temple confucéen de Chine qui date de 1302. Suivant le système chinois de la succession de cours intérieures auxquelles on accède par de splendides portes, le sanctuaire recèle d'arbres centenaires et de pavillons particuliers qui gardent des stèles montées sur le dos de tortues (symbole d'immortalité).

Pour faire simple, le confucianisme consiste à s'améliorer soi-même pour vivre en harmonie avec le monde présent. La vertu et l'éthique sont ses maîtres mots. Grâce à la définition d'un modèle social, le système permet de garantir l'ordre et la paix. Même si la doctrine a été remise en question pendant la révolution culturelle, il est profondément ancré dans les esprits qu'il n'y a pas de place pour un dieu et l'on comprend aisément pourquoi ça ne dérange pas les officiels chinois de nous dire : "Vous êtes libres de croire en ce que vous voulez, vous n'avez juste pas le droit de pratiquer votre religion".

Pékin n'est d'ailleurs pas chaotique ; les choses sont bien organisées et l'on se sent rapidement comme une fourmi dans cette mégalopole. Bien qu'elle abrite vingt millions d'habitants tout comme São Paulo, on se sent bien plus vite oppressé ici et pris dans un engrenage nous poussant à suivre les autres. Si ma physionomie ne faisait pas l'objet de regards bridés, j'aurais rapidement l'impression de perdre toute identité durant mes transports.
Vous ne manquerez pas de remarquer sur les photos que l'eau des lacs et des rivières est tout à fait gelée, ce qui vous laisse augurer l'état de congélation dans lequel j'étais la première nuit alors que je ne trouvais pas le bouton de commande du chauffage et que celui-ci était en mode climatiseur.

Bonne nuit à vous,

N

Pour vous faire retirer de la liste de diffusion, rien de plus simple ! Envoyez-moi un message me disant que je peux manger du chat en Chine et que vous vous en fichez bien.